March 25, 2015

Cimenterie : «Je Change D’idée», Dit Pierre Duhamel

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Pierre Duhamel reprend ici le dossier de la cimenterie de Port-Daniel−Gascons, en Gaspésie, et conclut s’être trompé en éreintant le projet de Ciment McInnis. «Plus j’en apprends, plus je le trouve avisé», explique le chroniqueur.

Les chroniqueurs admettent rarement qu’ils ont erré. Alors ne boudez pas votre plaisir en me voyant reprendre le dossier de la cimenterie de Port-Daniel−Gascons, en Gaspésie… et conclure m’être trompé en éreintant le projet de Ciment McInnis. Plus j’en apprends, plus je le trouve avisé.

Reprenons du début. Voilà un projet industriel de grande ampleur, qui, à première vue, aurait dû sembler un cadeau du ciel : un investissement de 1,2 milliard de dollars, qui générera 400 emplois directs et indirects dans une région où le taux de chômage est plus du double de celui du Québec, et que la collectivité appuie massivement.

C’est aussi un projet porté par l’une des grandes familles entrepreneuriales du Québec, les Bombardier-Beaudoin.

Le cadeau du ciel avait cependant un bien curieux emballage.

Ce projet, qui venait au monde grâce aux fonds publics, paraissait essentiellement politique. L’usine volerait des emplois à d’autres cimenteries, notamment celle du groupe Lafarge, dont la famille Desmarais est un important actionnaire. Et elle serait la plus polluante du Québec.

Le fait que les gouvernements tant péquiste que libéral ont soustrait ce projet à l’examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) et qu’une loi sera adoptée pour assurer sa réalisation indépendamment de possibles recours aux tribunaux confirmait le copinage politique et le risque environnemental. J’étais convaincu que ce chantier était une infamie politicienne et une bien mauvaise idée.

Une étude minutieuse du dossier et les réponses précises de l’entreprise m’ont fait changer d’avis.

Oui, l’affaire est ambitieuse. « On crée à partir de zéro un cimentier qui rivalisera avec les multinationales qui dominent le marché — nous les dérangeons beaucoup », m’explique Christian Gagnon, PDG de Ciment McInnis, qui compte 37 années d’expérience dans l’industrie lourde.

L’objectif est de percer le marché de l’Est américain, région qui ne produit pas suffisamment pour combler ses besoins. Les cimenteries déjà actives au Québec ne peuvent convoiter ce marché, leurs coûts de production et leurs frais de transport étant trop élevés.

L’usine de Port-Daniel, qui produira 2,2 millions de tonnes de ciment par an, sera plus grosse qu’elles, dotée des plus récentes technologies et à proximité d’un gisement de calcaire très pur, idéal pour la production de ciment. Surtout, elle comptera un atout imparable : le ciment sera transporté par bateau vers ses clients américains, ce qui sera beaucoup moins cher que par camion, en plus d’être moins polluant.

Ciment McInnis affirme que sa cimenterie aura la meilleure performance environnementale d’Amérique du Nord lorsqu’elle démarrera, en 2017. Elle émettra 20 % moins de gaz à effet de serre par tonne de ciment produite que la moyenne de ses concurrentes.

Pourquoi alors se soustraire à une consultation du BAPE ?

L’entreprise précise qu’elle n’est pas tenue à une telle consultation, puisque le projet a été présenté en mai 1995, un mois avant l’entrée en vigueur des règles d’examen du BAPE. Les gouvernements qui se sont succédé à Québec depuis 20 ans l’ont reconnu. Sur cette prémisse, Ciment McInnis a engagé des centaines de millions de dollars et achevé la moitié de la construction.

Ces millions de dollars proviennent-ils de subventions de l’État ? Non, plutôt d’investissements et de prêts commerciaux accordés aux conditions normales du marché.

Au dire de Christian Gagnon, cette réalisation entièrement québécoise deviendra la référence dans son secteur en Amérique du Nord. « Il y aura l’époque d’avant Ciment McInnis et celle d’après Ciment McInnis.

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